Comme le reste du monde, l’Afrique subsaharienne subit désormais aussi la pandémie de Covid-19. Un temps préservée, elle est aujourd'hui touchée et les cas d’infection se multiplient. Et pour certains experts, ce n’est que le début.
De nombreux spécialistes pensent également que le COVID-19 circule silencieusement depuis plusieurs semaines à l’échelle du continent et que les chiffres officiels pourraient largement sous-estimer le nombre de cas réels.
À l’image des autres pays du monde, les pays d’Afrique semblent donc opter pour le repli : fermer les frontières, suspendre les vols en provenance de pays avec des cas de coronavirus confirmés, interdire les rassemblements, fermer les écoles, lycées et universités. Cependant, ces prises de mesures seront-elles suffisantes ? Beaucoup craignent que non. L’Afrique subsaharienne, qui abrite plus d’un milliard de personnes, est en effet un cas à part. Bruce Bassett, de l’Université du Cap, s’est notamment dit très préoccupé par la situation, comparant le continent africain à une véritable “bombe à retardement“.
Plusieurs facteurs peuvent justifier ces craintes. Dans de nombreux pays africains, les systèmes de santé déjà fragilisés subissent déjà d’autres épidémies. On pense notamment à celles du VIH de la tuberculose (TB). En plus d’être très graves, ces dernières ont également le pouvoir d’exacerber la dangerosité des infections respiratoires.
Les capacités d’accueil des malades sont également très fragiles. Alors qu’en France ou en Italie se pose la question des places disponibles en réanimation, il est important de souligner que le Kenya, qui compte plus de 50 millions d’habitants, ne disposait en 2015 que de 130 lits d’unités de soins intensifs et d’environ 200 infirmières spécialisées. De manière plus globale, l’Afrique abrite seulement 1,3 % des professionnels de la santé. Pourtant, elle porte à elle seule 25% de la charge mondiale de maladies.
Par ailleurs, des mesures de “distanciation sociale” ont été instaurées dans plusieurs pays pour éviter la propagation du virus. Cependant, le simple fait de “limiter les contacts avec autrui” pourrait être difficile à mettre en pratique dans certaines zones surpeuplées à l’intérieur desquelles de nombreuses générations vivent ensemble dans un même ménage.
Il en est de même pour la mise en pratique des autres gestes barrière. “Comment pouvez-vous dire aux populations de tel ou tel village de se laver les mains quand il n’y a pas tout simplement pas d’eau ou d’utiliser du gel pour se désinfecter les mains alors qu’elles n’ont pas assez d’argent pour se nourrir ?“, s’interroge Francine Ntoumi, experte en santé publique à l’Université Marien Ngouabi, en République du Congo. “J’ai bien peur que ce soit le chaos“, dit-elle.
L’Afrique subsaharienne présente néanmoins un léger avantage comparée à d’autres régions du monde. Sa population est en effet relativement jeune. On y retrouve moins de 4 % de personnes âgées contre environ 12% pour la Chine. Et à priori, les enfants semblent moins touchés par le COVID-19. À ce jour, ils ne représentent que 2% des personnes contaminées. Nous savons également que plupart des jeunes adultes semblent souffrir de symptômes légers même si ces derniers ne sont pas à l’abri de souffrir davantage.
Source: Science-post. fr